Certification VETCERT. Mieux connaître et mieux protéger les arbres remarquables

La Bretagne et la Normandie comptent la plus forte densité d’arbres anciens et remarquables en France. Les préserver est une réelle nécessité. C’est pourquoi une certification professionnelle européenne, nommée VETCERT, pour VeteranTree Certification, est en train de voir le jour. Une première rentrée est envisagée à Pontivy dans le Centre Morbihan pour former des experts en arbres anciens et remarquables.

Avec 12,5m de circonférence, le Chêne de Tronc Joly à Bulat-Pestivien dans les Côtes d’Armor est l’un des cinq chênes les plus anciens d’Europe. Son âge ? Environ 850 ans. Le Platane d’Orient de Branféré, 300 ans, dans le Morbihan, possède une envergure record de 40 mètres. Le tulipier de Virginie de St Ouen de la Rouerie en Ille et Vilaine est l’un des tous premiers sujets de son espèce à avoir été planté en Europe, vers 1783, pour célébrer la Révolution américaine. A l’évocation de ces arbres remarquables, anciens et uniques, c’est toute une histoire qui se révèle. « L’âge, la dimension et l’histoire de l’arbre comptent dans le classement d’un arbre remarquable », note Mickaël Jézégou, gestionnaire des forêts du Conseil Départemental des Côtes d’Armor et initiateur de ce certificat VETCERT. « Certains arbres en France sont millénaires. On leur associe des anecdotes, des croyances. D’autres sont sacrés ou encore guérisseurs. Depuis des millénaires, les arbres racontent l’histoire des hommes », précise-t-il.

Les reconnaître et les protéger

Voilà pourquoi il est essentiel de savoir non seulement les reconnaître mais également les protéger. « En Europe, il n’y avait jusqu’alors aucune qualification, aucune formation concernant la gestion des arbres anciens. Pourtant, ils méritent d’être inventoriés et il est vraiment indispensable d’en prendre soin. Il s’agit d’un véritable patrimoine naturel », reconnaît l’expert. En effet, au XIXè siècle et jusqu’en 1938, on classait encore Monument Naturel certains arbres anciens, majestueux et remarquables. C’est le cas du Châtaignier de Pont L’Abbée, dans le Finistère, au tronc noueux et torsadé, qui aurait plus de 1200 ans. Labellisé « Arbre remarquable de France » par l’association A.R.B.R.E.S en 2005, il s’agirait en effet du plus vieux Châtaignier de France. « Avec cette association, dont je suis le représentant pour le Finistère, nous militons pour remettre à l’ordre du jour ce classement et labelliser les plus beaux arbres de France », commente Mickaël Jézégou.

Préserver le patrimoine naturel

Durant trois ans, spécialistes et experts européens se sont ainsi réunis pour déterminer les connaissances indispensables concernant les vieux arbres. « Le constat est vraiment européen. Il n’y avait jusqu’alors aucune reconnaissance de ces compétences, et cela engendrait le risque pour certains professionnels d’abîmer voire de détruire certains arbres alors qu’ils sont remarquables », poursuit Mickaël Jézégou, évoquant la terrible histoire de l’If millénaire du cimetière de Montgardon dans la Manche. « Il a failli être abattu pour des raisons de sécurité, mais finalement il a été sauvegardé grâce à la mobilisation de la population et de l’association A.R.B.R.E.S», raconte-t-il. Mickaël Jézégou l’affirme : « cette nouvelle certification permettra aux professionnels qualifiés de faire reconnaître leur savoir-faire et aux propriétaires d’arbres anciens de pouvoir trouver des entreprises compétentes. » Elles seront ouvertes à tout professionnel, qu’il soit élagueur-grimpeur, jardinier ou technicien au service des espaces verts et de la gestion des parcs.

Une première formation dès 2021

Une formation, avec le centre de formation Le Gros Chêne de Pontivy, s’apprête ainsi à ouvrir prochainement. Une première en France ! « Les diplômés auront donc une certification de gestion d’arbres anciens. C’est un peu comme de la gériatrie pour les arbres », précise Mickaël Jézégou. En Suède et en Grande-Bretagne, la certification est déjà mise en place, soutenue par l’Européen Arboriculture Council. « Il s’agira d’apprendre à reconnaître un arbre remarquable, à l’évaluer, à comprendre son vieillissement, à mieux connaître le règlement et les lois afin de mieux le protéger et l’accompagner », assure l’expert. « Rabattre ou élaguer ne sont pas forcément les bonnes voies, il y a bien d’autres solutions à mettre en place pour préserver un arbre », conclut-il.

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